FULTOT
Je suis né à Thil-Manneville (Seine Maritime) le 26
mai 1874.
Après mes études secondaires au collège de Dieppe,
et mon échec au concours de l’Ecole Normale, à 18 ans je contracte un
engagement volontaire de 5 ans dans la Marine de l’Etat, les examens pour la
Marine Marchande, en commençant par la théorie Long cours, n’existant pas
encore. Ce n’est qu’en 1897 que je fus reçu élève de la Marine Marchande à
Lorient.
Pour la première fois en 1897, j’embarquais sur un
long courrier : le 3-mâts JEANNE D’ARC, de 1.800 t, armateur Prentout de Rouen,
capitaine Mahé, en partance pour la Californie. Le voyage d’aller dura 141
jours, celui du retour 111jours. A l’aller en passant par le détroit de
Lemaire, nous fûmes surpris par le calme et drossés dangereusement très près
des côtes de la Terre de Feu. La traversée du Cap fut particulièrement dure.
Mon deuxième voyage de North Shields à Iquique, sur
le 4-mâts PERSEVERANCE, 4.000 tonnes, de la Maison Bordes, capitaine Le
Dépensier se passa sans encombre, si ce n’est au passage du Cap, en mai 1899,
du gros temps et très froid et au retour : Le cap à la Ligne en 3 semaines.
Un troisième voyage, toujours sur PERSEVERANCE,
capitaine P. Hareng, n’offrit rien de particulier.
J’ai fait ces 3 voyages en qualité d’officier.
Avant de passer à Dieppe, mon examen de Capitaine au
Long Cours, je goûtais de la vapeur et effectuais successivement 3 voyages
d’Argentine.
Aussitôt reçu capitaine, sur le conseil du
professeur Lavreville, je pris le commandement d’un voilier de la Maison Beust
de Granville en mai 1901. Je restais dans cette maison jusqu’en 1905,
commandant successivement les voiliers MARTIAL, MADELEINE, et SAINT GEORGES, et
faisant les voyages de Terre-Neuve, les Antilles, les Bahamas, la Nouvelle
Ecosse, avec retours divers sur Bordeaux, Lisbonne, Marseille, Swansea…
Après mon mariage à St Pierre et Miquelon, en 1904,
je rentrais en France en 1905, pensant reprendre la navigation à vapeur. Une
expérience de 10 mois chez Worms me suffit.
Je repris le commandement d’un voilier : le 3-mâts
goélette, la BLANCHETTE de 400 tonnes de Granville.
J’eus la bonne fortune de rencontrer au cours de ce
commandement qui dura 16 mois,, mon camarade de cours le C.L.C. Thomas, pilote
de Cherbourg, qui me conseilla de tenter le pilotage chez moi à Rouen. Je n’y
aurais jamais pensé, cette station ne comptant aucun C.L.C.parmi ses membres.
Je préparais le concours et fus admis, étant ainsi
le premier C.L.C. de la Station de Villequier (station de rivière du pilotage
de la mer à Rouen, à 35 milles du pont de pierre). J’ai piloté pendant 16 ans,
puis ai été nommé pilote major à Rouen, succédant à Monsieur Dupendant. J’ai
conservé ce poste jusqu’à l’âge de la retraite, 65 ans.
Je me suis retiré à Ambrumesnil, à quelques
kilomètres du phare d’AiIly, dont les feux m’éclairent la nuit et dont l’énorme
son de corne à brume me réveille quand je dors trop bien ! ! !.